Rixme, ou duel courtois

*roulement de tambour*

Hum, hum ! Bien le bonjour chers spectateurs, challengeurs et autres admirateurs de bons mots ! Tout d'abord, merci à tous d'être venus en ce jour de lice et de liesse afin de rire, de sourire et de répartir. Bienvenue dans ce stade toulousain !

Pourquoi toulousain ? D'abord, ça fait très couleur locale avec la position de l'entreprise (et de l'entrepreneure) qui nous a réuni ici, et ensuite, l'idée d'ouvrir ce sujet m'est venu en écoutant un groupe de la même origine, j'ai nommé les excellents, les génialissimes, les drolatiques, les Fabulous Trobadors !

Comme un exemple vaut mieux qu'un long discours (bien que l'exemple soit une longue discussion), en voici deux (ici et là).

Comme vous l'aurez compris (ou alors vous n'avez pas bien écouté), il s'agit de duels oraux (Zorro, Zorro même avec la liaison adéquat). Il s'agira ici d'en faire de même, mais par écrit.

Les règles du duel de tchatche sont relativement simples :
- il faut que le français soit bon (encore moins de faute que dans le reste du forum, et j'ai bon dos de dire ça, je ne me suis pas relu, alors je suis sûr que vous allez en profiter bande de sacripants !)
- les réponses doivent rimer (et avoir un nombre de pied à peu près équilibré)
- pas d'insulte ni de violence verbale, seul l'humour sera toléré
- les jeux de mots débiles ne sont pas prohibés et sont même fortement encouragés.

Déroulement du jeu : quelqu'un dit quelque chose, vous embrayez si vous avez une idée, sinon, attendez l'idée ou que quelqu'un d'autre réponde.

Pour vous rendre la vie facile, je vous propose de commencer par m'attaquer sur ces simples vers :

Pendant que je m'escagasse
A vous pondre un jeu, vous potaches
N'avez pas la moindre préface
Pour pouvoir me mettre des bash.

Si je vous clashe ainsi,
C'est à cause, mes amis,
De votre acéphalie prononcée.
De fait, vous simplifie gentiment la vie
En vous mettant les points sur les i
Et laissant commencer par une rime en é !

Semblable à une Cathédrale tellement il est voûté.
Il cherche le saint Graal pour pouvoir y goûter,
Il pense que cet artefact soignera son acnée
Mais peine perdue, des lotions, il n'a qu'à s'en acheter.

Tes rimes sont en carton, on va te démenager.
Tu sens pas bon … t'es une personne âgée ?
J'avoue cette rime n'était pas très élégante ;
Mais qu'est ce qui m'arrive ? Depuis quand je parle à des fientes ?

Mon petit, là, tu vois, tu m'enchantes
Tes rimes non plus, c'est pas le pied
Mais que veux-tu déjà tu tentes,
Même s'il te manque cent années.

Bref, c'est ici que commence
La partie vraiment délicate
Car il faut qu'entre dans la danse
Un autre beau-parleur, un épate.

Pour cela, laissons-lui une place
Car tes moqueries pernicieuse
Fondront, telles la glace,
Sous le soleil de ma frondeuse
Langue de vipère acérée
Et il serait dommage
Que ma plume aiguisée
S'use pour un seul coprophage
Alors que je pourrai aisément
En avoir deux, et galamment !

Bien que tu m'insupportes avec tes belles paroles,
Je dois bien avouer qu'un nouvel adversaire ne serait pas de refus.
Et vu que le niveau de tes rimes touche presque le sol,
Je doute être le seul à te marcher dessus.

Du balais la valetaille !
Vous, retournez au potager !
Cessez donc cette bataille,
Bien qu'elle soit civilisée.

Arrêtez ces chamailleries,
Ces simagrées et ces railleries,
Sinon c'est avec de la mitraille
Que tes ailes seront plombées,
Au lieu des graines, des épées,
seront plantées dans tes entrailles.

Mon combat est gaché par un parasite
Mais quelle est donc cette chose qui s'invite ?
Une coccinelle, une fourmi, une luciole ?
Ou juste un gros guignol qui vient se faire rincer les roubignoles ?

Un moustique qui cherche la p'tite bête.
Tu vas regretter de t'être inviter à la fête.
Sale comme la peste, avec des écrits indigestes … 
Enfait tu n'es que le reste infect d'un inceste d'insecte !

Tes paroles dépassent ta pensée
Et ici tu devrais te modérer.
Regarde son talent et respecte
Celui que plus haut tu traites d'insecte.

Mon cher Gentleman, je vous prie
Prenez l'épée ici, oui,
Celle sur le râtelier,
Car je vous jette mon gant
Vous voilà défié
Et il n'existe d'onguent
Pour vous ressusciter.

Je vous conseille aussi
De retirer ce haut de forme
Car s'il en pâtit
Et devient bon pour la réforme
Je ne voudrais en aucun cas
Pouvoir être incriminé.

En galant, je vous laisse le premier pas,
De cette danse de l'épée.

Mon cher ami à plumes
Vous m'avez comparé
A vos mets préférés
Mais bien plus qu'une enclume
Je pourrais me montrer
Difficile à croquer.

Le feulement d'une lame
Est un son délicieux,
Cependant je n'ai l'âme
Aux instincts belliqueux.

Me retrouver couvert
Du jus de votre chair
Serait un vrai gâchis,
Mais s'il le faut, tant pis.

Quelles sont vos références, cher ami,
Que l'on règle nos différences au son de l'acier,
"La valeur n'attend pas le nombre des années"
Je le sais, mais je crains qu'au mauvais huis,
Votre fourreau ne vint frapper
Car à l'épée, je suis entrainé.

C'est pour cela d'ailleurs
Que pour régler nos différences
Je suis venu en déférence
Vous proposer un duel sur l'heure.

Refusez le combat,
Même si ce n'est honorable
Et redevenez respectable
Au son de votre voix,
Car au moins un dernier souffle
Vous permettra de m'accorder un "vil maroufle" !

Je vous écoute citer Corneille,
Tandis que le corbeau reste coi
Mais même si vous parlez à merveille,
En dehors des mots, il reste quoi ?

Il me reste mon bras
Bien qu'un peu rouillé
Il peut vous dérouiller
Sans que je bouge le petit doigt.

Voici un filet d'huile pour votre bras rouillé,
Vous serez qui plus est, bien mieux assaisonné.

Désolé pour mon absence
J'étais en train de me laver la langue
Car à la longue cette dernière tangue
Vous insulter était sûrement une errance.

Tomate, que vous soyez fruit ou légume cessez de rougir :
On dirait que vous avez honte de votre calibre après avoir vu le mien surgir.
Comment ? Je parle bien de plume et non pas d'autre chose !
Veuillez cesser la poésie ... et puis aussi la prose.

Et vous, fou costumé se croyant à Venise
C'est en vos bontés que votre âme se déguise :
Faire de la gentillesse un théâtre de rue, un vice de vertue
Vous condamne sans cesse à être un traitre, selon mon point de vue.

Bref, vous ôtez vos gants quand j'enfile les miens
Vous pensez être élégants, j'ai seulement peur de me sâlir les mains.

Elégant de toilette, certainement,
Car il est encore besoin
De nettoyer ce volatile usant
De sa prétention d'humain.

Quand à vous, remplumeur
Avant de vouloir me parler
Veuillez vous décalotter
Pour prouver votre valeur.

Pourquoi tout ramener
À votre cloaque avien ?
C'est plutôt déplacé
Et ça ne mène à rien.

Quant à vous, fruit gâté.
Quand allez vous cesser
De me vouloir ôter
Mon chapeau adoré ?

Voilà que je vous laisse,
Quelques semaines en liesse,
Du repos que vous en tiré
Pour pouvoir renouveler
Votre stock périmées
De rimes réchauffées,
Et mêmes pas n'en profitez
Pour dans le dos tirer ?

C'est tout à votre honneur,
Mais pour votre malheur,
Car vous auriez dû vous apercevoir
Que nous sommes en un manoir
Et qu'à ce titre devoir retirer
Cet objet que vous admirez
Est simple règle de politesse
Gentleman de mes fesses.

Presque un mois d'abscence
(Ou plutôt de fuite)
Et vous revenez plein d'assurance
A force de tirades pathétiques !

Laissez à ce vieillard le droit de porter son chapeau,
Il en a besoin pour couvrir son crâne chauve.
Il ne répond plus car en répartie il ne possède rien
Et il voudra nous faire croire que c'est la faute des examens.

Les écrits sont passés,
Les oraux en chemin,
Les résultats sont tombés,
Vous serez les prochains.

Certainement, mais étant poli,
Je vous laisse l'honneur
De tomber dans la lie
De ceux qui se croient rimeurs.

Car à l'animal qui s'agite
Je ne daigne répondre,
Qu'il bouge et qu'il s'excite,
C'est le signe qu'il va pondre.

Cher ami de poésie
Je m'invite à la bataille,
A cette guerre des rimes:
Préparez vous à mes entailles !

Ami à plume
Ennemi de plume
Homme d'élégance
Je joue la prudence
Fruit bien mûr
Je serai dur !

Mes griffes déchireront votre papier
Mes crocs troueront vos idées !

C'est alors qu'un triste matin,
Blessé et meurtri par sa morne vie,
Nous vîmes arrivés par le chemin
Un loup galeux terni d'ennui.

Il pensait pouvoir renaitre
En nous lattant sans soucis ;
Et rapidement se remettre
En griffant ses pitoyables écrits.

Ce que je pondrai petit machin
Sera sanglant comme la pleine lune.
Vous êtes mi-courgette, mi-raisin
Entre le fruit et le légume ...

Dans cet immense champ de bataille,
Beaucoup sont restés sur la paille,
Blessés au plus profond d'eux-mêmes
Tandis qu'un soupçon de veine, moi,

N'en ai pas besoin.
Tous sont immortels,
Moi, pauvre mortel,
N'ai qu'un seul destin,

Celui de me battre
Ensuite de mourir,
Mon cœur cessera de battre
Et mon corps va pourrir.

Ainsi continuera cette triste bataille,
Laissant en rade un corps de femme desséché
Rongé par des mots qui forment des mailles,
Aussi impénétrables qu'une porte verrouillée.

Je pourrais me ravitailler,
De ton simple corps putréfié.
Est-ce que ce serait du nectar ?
Vieux loup redevenant gaillard!

Je ferai fuir le corbeau,
Mais n'atteindra pas tes mots.
Au milieu des rimes, une fleur s'abîme...
A ce seul combat, elle devient victime.

Peu après poussa une fleur
Elle était belle, douce et frêle.
Mais le loup, mauvais batailleur
Décida de la mettre … à la poubelle.

Tandis qu'il faisait tranquillement cueillette
Restaient de marbre le laid et la pastèque.
Petit à petit le champ de bataille prenait ampleur.
De l'extérieur ne ressortaient que cris et douleurs … 

Dans la fraicheur du vent,
Les innombrables combats faisaient rage,
Tuant sans différent,
Des personnes d'un certain âge.

Tandis que de la Terre, dans ses entrailles,
Jaillissant sur de gigantesques rails,
Apparaissaient mots et tourments,
Rimes et sentiments.